Il s’agit d’une station de lavage entièrement automatique alimentée en eau pluviale. La mise au point du process a demandé deux ans d’étude.

A la fin des années nonante, Claude Bodson et Marie-Christine Bellot décident de diversifier les activités de leur entreprise, active dans le domaine environnemental. Belgemat consult est à la recherche d’un projet industriel. A l’époque, l’expansion de la plate-forme multimodale de Châtelet fait apparaître de nouveaux besoins : le port autonome de Charleroi est en quête d’un partenaire pour l’entretien des conteneurs fluviaux et maritimes transbordés sur le site. Si une étude confirme que le métier n’est pas rentable, une autre idée germe dans l’esprit des entrepreneurs : installer une station de lavage de camions. « Nous avons visité un truck wash pour voir comment l’activité s’organisait » explique Claude Bodson. « Nous sommes ensuite partis à la découverte de tout ce qui existait en Belgique et en Hollande. »

Un projet innovant

Partout, les mêmes problèmes se posent. Il y a le temps du lavage. Les stations semi-automatiques mettent entre vingt et trente minutes par poids lourd, et n’acceptent pas tous les modèles. Aux heures de pointe, quand des files d’attente se forment, les durées deviennent beaucoup trop longues. Il y a aussi le coût. Enfin, selon les exploitants, la difficulté à trouver du personnel pour des tâches pénibles constitue un autre handicap. En 2000, une première étude technico-économique va valider l’intérêt du projet. La Comase en remettra une autre pour définir la faisabilité et le seuil de rentabilité. Les entrepreneurs savent déjà ce qu’ils veulent faire : un truck-wash automatisé avec des temps de lavage et des coûts de revient réduits. Dès 2000, ils entament les démarches administratives pour l’obtention des permis tandis que s’engage la recherche de partenaires industriels. Le concept est innovant. Il intègre un système de collecte des eaux pluviales et de recyclage. Une gestion intégrée de la station régule les débits, pressions, vitesses de déplacement des équipements.

Sans équivalent en Europe

Conçu pour tout type de flotte, le truck wash du port autonome accepte des véhicules depuis la camionnette au compacteur de déchets en passant par le camion-citerne, le camion-grue, la tapissière, le camion-benne. Il faut considérer que les opérations de lavage, qui se font automatiquement, durent quatre à cinq fois moins longtemps que dans une station classique, pour un résultat de qualité grâce à l’utilisation de matériel de nettoyage basse pression à haut débit d’une puissance de 2 X 75 kw. L’activité occupe un technicien et un administratif. Pour la mise en œuvre de ce projet, Belgemat Consult a bénéficié d’une aide de Sambrinvest sous forme de prêt subordonné (125.000 euros). La construction s’est étalée sur plusieurs mois à dater de 2003. Après une phase d’essais en mai 2004, le truck wash a été ouvert en juin. Il s’agit d’une installation sans équivalent en Europe. L’entreprise mise autant sur la flotte régionale que sur la fréquentation du port autonome.

Claude Bodson

Spécialisé dans la valorisation des déchets, Claude Bodson, administrateur de Belgemat Consult, décide de lancer un nouveau projet industriel. L’option est prise avec Marie-Christine Bellot, administratrice déléguée, d’intégrer le métier dans les activités existantes. « Notre objectif est d’accueillir de 120 à 130 camions par mois, ce qui serait pour nous un résultat intéressant » indique Claude Bodson, qui a assuré le développement du projet depuis sa conception. Il s’agit d’un chiffre raisonnable selon les données économiques de l’étude de la Comase. C’est aussi bien en dessous de la capacité de production de l’outil. Claude Bodson a misé sur l’originalité du process, dont les atouts sont la rapidité, l’adaptabilité et le rapport qualité-prix pour l’utilisateur. Si le succès est au rendez-vous, l’entrepreneur envisage d’installer d’autres stations du même type en Belgique.

Expérience d'Entrepreneur en 4 questions et réponses

. Quelle idée nouvelle est à la base de la création de votre entreprise ?

 Améliorer l’offre de service du marché, innover pour rencontrer les attentes du client. L’étude que nous avons réalisée dans le secteur nous a permis d’identifier des problèmes. Deux inconvénients majeurs en tout cas : les temps de lavage et les durées d’attente aux heures de pointe, ainsi que les coûts de revient en station manuelle. Notre installation concilie la rapidité à un bon rapport qualité-prix.

. Quelle est la plus grande difficulté que vous ayez rencontrée pour créer ou développer votre entreprise ?

 Trouver un partenaire industriel, un fournisseur capable de construire l’installation de lavage que nous avions conceptualisée. Il fallait mettre en Å“uvre notre projet avec les équipements adaptés à nos objectifs économiques et technologiques. C’était du sur-mesure et en même temps une première. L’entreprise que nous avons choisie a fait preuve de beaucoup de professionnalisme. Son expérience dans le métier lui a permis de répondre à nos exigences. La grande difficulté était de la trouver.
 
. Quelle est la plus grande joie ou satisfaction que vous a procuré votre entreprise et –si c’est le cas- pourquoi n’auriez vous pas pu vivre la même chose en tant qu’employé ?

 Un entrepreneur éprouve une grande satisfaction quand il voit son projet prendre forme. Surtout quand il s’agit de la concrétisation d’un nouveau concept. Celui-là a mûri des années. Nous l’avons porté, étudié, adapté aux réalités du marché, aux contraintes techniques et technologiques. L’exploitation industrielle, c’est l’aboutissement d’un investissement personnel important.
 
. Quel petit « truc » proposeriez-vous à un jeune entrepreneur ?

 Je lui dirais de se montrer tenace, persévérant, patient. Un projet d’entreprise, ce n’est pas une croisière sur la Meuse. Il y a des moments où ça secoue, où il faut s’accrocher. Des rapides guettent le créateur, ils peuvent le faire chavirer. Comme il est important d’aimer et de croire en ce que l’on fait, il ne faut jamais craindre de demander de l’aide. Le jeune entrepreneur doit aller voir les services et institutions de conseil qui se tiennent à sa disposition, le Forem, Igretec, Héraclès et les Invests. Avec eux, il peut accéder à des facilités qu’il ne soupçonne sans doute pas, et il augmente ses chances de réussir.