Après un accroc de carrière, Jean-Marie Gilson et Robert Bosmans se retrouvent sur le marché de l’emploi. En 1997, ils décident d’associer leurs compétences dans une PME de services en ingénierie informatique. Leur activité va évoluer sur deux axes : la consultance d’une part, l’étude et le développement d’applications de l’autre. Etablie à Charleroi, l’entreprise se spécialise dans les produits à base de serveurs vocaux et les logiciels de gestion forestière.
Pour répondre aux besoins de ses clients, CéTIA conçoit des systèmes à base de serveur vocal et en assure l’installation. Le principe de fonctionnement est simple : il s’inspire de celui du « phone banking » mis en place par des organismes financiers. A l’aide de son téléphone, l’usager peut accéder aux services qui lui sont offerts vingt quatre heures sur vingt quatre : passer des commandes, enregistrer un ordre, déposer un numéro de référence, obtenir des informations, etc… Le savoir-faire de l’entreprise va rapidement convaincre l’agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire. Ce sera son premier gros produit à la fin des années nonante : CéTIA imagine une solution pour l’enregistrement des naissances des bovins. Depuis n’importe quel appareil portable ou fixe, l’agriculteur pourra identifier l’animal dans le cadre d’une procédure constituant le fondement de la traçabilité de la viande. Et lui épargnant l’envoi de formulaires.
Solutions vocales
D’autres projets ont été étudiés et fournis dans le secteur de l’agriculture où le gouvernement s’efforce l’alléger le poids de l’administration. Tout en renforçant les contrôles –solutions pour l’enregistrement du transport de bovins et de porcins. Par ailleurs, Islink est un produit conçu pour la gestion des appels téléphoniques en agences de voyages. Enfin, l’entreprise a développé une application à usage des villes et communes : le citoyen peut ainsi obtenir des informations générales, commander des documents par fax et même se faire envoyer à la demande des actes officiels comme extraits d’acte de naissance ou certificats de bonne vie et mœurs.
Cinq ans après la création de la SPRL, la consultance reste un secteur d’activité important de la PME, mais il est appelé à se réduire. CéTIA intervient ainsi dans des projets d’assistance pure pour de grands comptes du secteur de la santé, de l’alimentation, de l’industrie, des institutions. Passage à l’euro, changement d’organisation. La PME opère toujours comme sous-traitant d’ensembliers.
Filière bois
La PME est active dans la distribution de logiciels pour la filière bois. Son produit Cub 2000 estime la valeur des bois sur pied tant en feuillus qu’en résineux. Réalisé avec un expert du secteur, cet outil s’adresse à tous les exploitants forestiers et scieurs. Le programme gère les coupes abattues, leurs rentrées dans le parc à grumes et édite des bordereaux. TBS est un tableau de bord qui vise à présenter rapidement au chef d’entreprise les résultats d’exploitation de sa scierie, d’en dégager le rendement matière et de dégager un indicateur de rendement financier appelé ratio d’exploitation. Un troisième logiciel sert à tracer la production. Les applications sont surtout connues en France où CéTIA a investi le marché avec un partenaire commercial belge. L’activité bois représente un peu plus de 20% du chiffre d’affaires.
Jean-Marie Gilson et Robert Bosmans
C’est dans le puissant groupe IBM qu’il débute sa carrière : ingénieur industriel, Jean-Marie Gilson va le quitter pour d’autres fonctions de service et de maintenance dans des PME. Il travaille à la conception et à l’installation de produits en Belgique avant de vendre des systèmes complets au Moyen-Orient. A 53 ans, Jean-Marie Gilson se retrouve sur le carreau. Il décide de reconstruire un nouveau projet et s’associe les compétences de Robert Bosmans, qui prend en charge le développement et l’assistance.
Les deux partenaires se complètent. Ils vont se spécialiser dans l’automatisation des communications avant de mettre au point des applications répondant aux besoins de la filière bois. Ils ne conçoivent pas la concurrence comme un obstacle à leurs projets, mais plutôt comme un levier à leurs ambitions. « C’est elle qui nous stimule et nous tire vers le haut » disent-ils. Ils aiment cet environnement de créativité et de défi. La compétition en affaires excite la recherche de la performance, la culture de l’excellence et de l’innovation.
Expériences d'Entrepreneurs en 4 questions et réponses
• Quelle idée nouvelle est à la base de la création de votre entreprise ?
On est parti d’un besoin plus que d’une idée. A la base, ce sont deux personnes à la recherche d’un travail qui regroupent leurs compétences pour se créer de l’activité. Il ne sert à rien de vouloir réinventer la roue ou de s’attaquer à des gros marchés cadenassés. Nous avons donc prospecté dans des secteurs à la portée d’une entreprise de la taille de la nôtre, dans des créneaux porteurs.
• Quelle est la plus grande difficulté que vous ayez rencontrée pour créer ou développer votre entreprise ?
Le plus dur a été de convaincre des clients de nous accorder leur confiance. Quand on commence et que l’on n’a rien derrière soi, c’est sur le plan commercial que les principaux défis attendent la jeune entreprise. Nous avons conçu des produits de démonstration afin de montrer nos capacités d’étude et de développement. Il a fallu investir énormément en temps et en énergie pour obtenir nos « arguments de vente ».
• Quelle est la plus grande joie ou satisfaction que vous a procuré votre entreprise et –si c’est le cas- pourquoi n’auriez vous pas pu vivre la même chose en tant qu’employé ?
Sans doute l’indépendance. Le pouvoir d’organiser son travail comme on veut, de décider soi-même de ce que l’on fait… Au prix d’inévitables sacrifices. Dans une fonction d’employé, on peut connaître l’autonomie. On ne goûte jamais à la vraie indépendance qui vous affranchit des options prises par la hiérarchie. La seconde satisfaction que nous procure notre statut, c’est d’échapper à ce conflit permanent de personnes qui mine tant d’entreprises. Et qui fait qu’en fin de compte, les gens passent au moins un quart de leur temps à justifier leurs actes ou leur comportement.
• Quel petit « truc » proposeriez-vous à un jeune entrepreneur ?
Il est primordial de bien se connaître soi-même pour lancer un projet. Pouvoir évaluer chacune de ses capacités : de contact, de technologie, de gestion, d’innovation. C’est difficile de se poser les bonnes questions. Ca l’est davantage encore d’y répondre objectivement. Etablir le bilan de ses ressources afin d’être en mesure de déterminer ses lacunes, et de chercher des partenaires ou des solutions pour les combler, voilà une démarche essentielle. Elle ne doit pourtant jamais empêcher le jeune entrepreneur de rêver. Le rêve encourage l’aventure. Sans lui, on ne tente aucun projet.


















