Fondée en novembre 2001, Delphi Genetics s’est constituée autour de brevets issus de recherches fondamentales, menées au Département Biologie Moléculaire de l’ULB durant les années 90. Au départ, les chercheurs se sont concentrés sur les fonctions des plasmides, ces molécules extra-chromosomiques d’ADN dont certaines portent un gène « poison » pouvant provoquer la mort d’une bactérie, sauf si celle-ci possède le gène « antidote ». Et c’est à partir de ces recherches que Philippe Gabant (l’un des 3 fondateurs de Delphi Genetics) et Philippe Bernard ont eu l’idée de développer un plasmide artificiel permettant un clonage facilité des fragments d’acide désoxyribonucléique.
Ingénieurs du minuscule
Ces avancées scientifiques brevetées sont à la base des activités actuelles de Delphi Genetics. Installée sur l’aéropole de Charleroi, elle s’est en effet spécialisée dans l’ingénierie génétique globale (végétaux, animaux, humains), poursuivant des recherches de haut niveau en matière de clonage moléculaire. En général, les entreprises biotechnologiques envoient les plans ADN d’un génome et Delphi Genetics s’empresse d’en extraire un gène pour l’intégrer dans une bactérie. Les scientifiques le modifient ensuite et en étudient les diverses mutations avant de renvoyer les résultats aux clients.
Pour l’heure, une partie de ces manipulations se fait encore manuellement. Mais la demande étant sans cesse croissante, une plate-forme robotique sophistiquée vient à présent accélérer la production. A ce propos, Delphi Genetics développe ses propres machines en détournant des appareils existants. Son projet de station de pipetage automatique développée en collaboration avec l’équipe de l’IBMM du Prof. Milinkovitch en est d’ailleurs le meilleur exemple.
L’alpha foetoprotéine mise à nu
Récemment, l’équipe du laboratoire de Biologie du Développement de l'IBMM en collaboration avec P. Gabant a défrayé la chronique en effectuant une découverte de classe mondiale. En modifiant génétiquement l’alpha-foetoprotéine chez les souris, ces chercheurs ont en effet remarqué que les femelles devenaient automatiquement stériles. De l’animal à l’être humain, il n’y avait donc qu’un pas à franchir. A l’avenir donc, il est légitime de penser que les problèmes d’infertilité chez la femme pourraient être solutionnés. Dans tous les cas, cette découverte permettra sans doute de mieux cibler le traitement thérapeutique approprié. La poursuite de ces recherches en collaboration avec l’IBMM et BioVallée devrait permettre à Delphi Genetics d’exploiter ces résultats issus d’une recherche fondamentale du plus haut niveau.
Enchaînant les découvertes et établissant des collaborations stratégiques, Delphi Genetics poursuit sa gestion pointue des brevets et espère en déposer de nouveaux. Le futur s’annonce donc sous les meilleurs auspices pour ces héritiers de Mendel.
Dr PHILIPPE GABANT, Dr. CEDRIC Y. SZPIRER & Prof. MICHEL C. MILINKOVITCH : Un trio de chercheurs complémentaires
Philippe Gabant, Cédric Y. Szpirer et Michel C. Milinkovitch, cofondateurs de Delphi Genetics, se sont connus dans les laboratoires de l’Université Libre de Bruxelles. Partageant la même passion pour la génétique et gardant un œil attentif sur ses évolutions, les trois hommes ont finalement décidé de créer leur propre entreprise en se basant sur le modèle américain des spin-off. Mêlant avec dextérité recherche académique et culture d’entreprise, le trio base ses résultats sur une parfaite complémentarité. D’une part, Philippe Gabant se charge des tâches managériales tout en poursuivant ses travaux scientifiques. Cédric Szpirer, lui, se concentre sur la recherche et les développements. Enfin, Michel Milinkovitch se veut garant de l’ancrage académique puisqu’il continue à enseigner et diriger son laboratoire à l’ULB. Toutefois, les gérants de Delphi Genetics espèrent petit à petit détacher leur entreprise de BioValléeet de l’université, afin quelle vole de ses propres ailes. Vu le succès international de la société, il ne s’agit sans doute que d’une question de temps.
Expériences d'entrepreneurs en 4 questions et réponses
• Quelle idée nouvelle est à la base de la création de votre entreprise ?
Spécialisée dans la biotechnologie, Delphi Genetics se charge de remplir quatre missions essentielles : assurer une gestion plus pointue des brevets existants, déposer de nouveaux brevets dans le domaine, développer des recherches orientées tout en poursuivant les expériences fondamentales au plus haut niveau dans le domaine du clonage moléculaire, et enfin, offrir aux entreprises des services originaux dans le domaine de la biologie moléculaire.
• Quelle est la plus grande difficulté que vous ayez rencontrée pour créer ou développer votre entreprise ?
Dans un secteur de nouvelles technologies comme le nôtre, étendu au marché mondial, il faut pouvoir se faire sa place parmi tous les concurrents. Mais une fois cette étape franchie, on est sur la bonne voie. Par ailleurs, la culture d’entreprise n’est pas vraiment développée en ce qui concerne les spin-off issues des universités. Il a donc fallu inverser cette tendance, ancrée dans la coutume, même si le milieu universitaire facilite les contacts et offre d’autres avantages.
• Quelle est la plus grande joie ou satisfaction que vous a procuré votre entreprise, et – si c’est le cas – pourquoi n’auriez vous pas pu vivre la même chose en tant qu’employé ?
La plus grande satisfaction personnelle est sans doute de voir se réaliser un projet que l’on a imaginé auparavant et de constater que ce produit se vend à l’échelle mondiale.
• Quel petit « truc » proposeriez-vous à un jeune entrepreneur ?
Il n’y a pas de secrets, le travail reste une des clés de la réussite, tout comme la passion pour le métier que l’on exerce. Par ailleurs, il est important d’écouter les conseils de personnes avisées, sans pour autant toujours les suivre. Enfin, trouver des partenaires ayant un profil complémentaire permet de se séparer les tâches et donc de gagner du temps.


















