L’histoire de la SPRL Depover, c’est celle d’un commerce de proximité qui évolue vers une activité de service. En 1984, Marie-Christine Depover reprend avec son conjoint un magasin de décoration et de produits de droguerie dans la rue de Marchienne à Roux. La concurrence des grandes surfaces réduit les marges bénéficiaires. Le couple cherche à se diversifier : à la fin de la décennie, il se spécialise dans l’évacuation des gaz brûlés. Si l’entreprise se charge d’équiper des cheminées de systèmes de tubage en inox –création de nouveaux conduits, elle en fournit aussi les éléments à la vente pour les installateurs et les particuliers. Avec le conseil technique, elle est la première à offrir ce service dans le pays. La PME se distingue par son savoir-faire.
Des toitures aux capteurs solaires
L’activité industrielle connaît une nouvelle évolution en 2000. L’entreprise s’oriente vers les travaux de zinguerie, charpente, recouvrement de toitures et de pignons en ardoises. Ce qui va amener Marie-Christine Depover à s’intéresser aux capteurs solaires, c’est un courrier adressé aux sanitaristes et couvreurs en vue d’agréer des placeurs (charte Soltherm). Il faut suivre une formation. Elle va se renseigner : le concept écologique du produit la séduit. Elle décide d’y intégrer la société. Il existe trois types de capteurs solaires : le photovoltaïque produit de l’életricité. En raison de son coût, celui-là sort du champs domestique. Il va convenir aux entreprises, aux bâtiments de collectivité. Ce sont les systèmes thermiques, adaptés à l’eau chaude sanitaire et aux piscines, que place la SPRL Depover. Leur installation donne lieu à une série de primes régionales, provinciales et communales, cumulables à des régimes d’avantages fiscaux qui permettent de réduire les durées d’amortissement.
Un potentiel à développer
En Belgique, les fabricants de panneaux solaires garantissent la rentabilité de leurs produits à raison de 50%. Celle-ci atteint pourtant les 65% avec des pics à 80, selon la gérante qui se réfère aux résultats de 2003. En solaire, la sprl Depover s’occupe de la conception et du placement : calcul de la surface d’échangeurs nécessaires, recherche de la zone d’exposition la plus appropriée dans le cas d’une piscine, fixation des panneaux, raccordement des sondes au système de filtration, mise en service. « Nous avons opté pour des produits d’intégration facile –la marque Izen- qui ne demandent pas d’entretien » observe Marie-Christine Depover. L’activité est venue récemment compléter la gamme de services. C’est au moment de la cession du placement du tubage, en 2002, que la PME a décidé de s’y orienter. Il s’agit d’un métier accessoire : il ne représente que quelques pour-cents du chiffre d’affaires. « Mais le potentiel existe » selon la gérante. En 2004, la sprl Depover emploie sept travailleurs.
Marie-Christine Depover
Employée d’assurance puis dans une entreprise de boulangerie, Marie-Christine Depover reprend des activités de fleuriste après une parenthèse dans sa vie professionnelle pour se consacrer à l’éducation de ses enfants. Des problèmes d’allergie l’obligent à remettre son commerce. Celui qu’elle reprend dans la droguerie-décoration va évoluer vers l’industrie du bâtiment. Aujourd’hui, c’est elle qui dirige seule la PME. Dans un secteur peu féminisé, elle relève le pari de conduire une équipe de couvreurs. A ceux qui lui conseillent l’autorité, elle oppose un style personnel de gestion, fait de compromis et d’impulsions. Elle s’efforce d’impliquer les membres de son équipe dans la marche des affaires. Idéaliste, passionnée de systèmes solaires, son challenge est de convaincre la clientèle de la valeur de ce produit d’avenir.
Expériences d'entrepreneurs en 4 questions et réponses
Quelle idée nouvelle est à la base de la création de votre entreprise ?
C’est l’évolution du commerce de décoration de détail qui nous a amené à réorienter notre activité. Si vous voulions continuer à travailler, il fallait identifier un nouveau créneau : la vente d’éléments de tubage –et le placement- nous a ouvert de nouvelles perspectives. Vers le marché du recouvrement de toitures et de la charpente d’abord, ce qui nous a amené à ce que je considère comme un véritable coup de foudre, l’installation des capteurs solaires.
Quelle est la plus grande difficulté que vous ayez rencontrée pour créer ou développer votre entreprise ?
L’obtention de financements pour pouvoir avancer. C’est un stress permanent de se demander si l’on va disposer de fonds pour réaliser ses projets, soutenir le développement de ses affaires. On dépense beaucoup d’énergie à convaincre les banques. Trop. Cette énergie serait plus utile au service de l’entreprise.
Quelle est la plus grande joie ou satisfaction que vous a procuré votre entreprise et –si c’est le cas- pourquoi n’auriez vous pas pu vivre la même chose en tant qu’employé ?
La liberté de décision, d’action dans le travail. Le chef d’entreprise n’a de compte à rendre qu’à lui-même. Il porte la responsabilité des choix qu’il opère : ceux-ci peuvent être bons, ou mauvais. Il n’en reste pas moins que personne ne lui dicte sa conduite. Voilà ce que j’apprécie surtout dans ma situation. Personnellement, je n’aurais pas pu dépendre d’un supérieur.
Quel petit « truc » proposeriez-vous à un jeune entrepreneur ?
Premièrement, prendre du recul par rapport à un projet. Ne pas s’enflammer trop vite, garder son enthousiasme, mais s’entourer d’éléments d’expertise pour être en mesure de l’évaluer. Comme des études de marché. Ensuite, je lui dirais d’éviter tout risque de sous-financement et de veiller à prévoir suffisamment de moyens pour soutenir le développement de son activité. Enfin, je pense qu’une formation solide est indispensable de nos jours pour se préparer à tous les défis de la vie d’entrepreneur.


















