C’est en 1988 que l’aventure commence. A l’époque, le marché de l’impression textile n’est pas encore saturé par les importations des pays de l’Est et d’Asie : Peter Couchman intervient comme intermédiaire commercial en fournissant aux clubs sportifs des équipements dont il sous-traite la décoration. Pour maîtriser sa production, il en vient rapidement à s’équiper de matériel de confection et d’impression textile. Deux ans après son installation dans la zone d’activité du centre Héraclès de Gilly (Zami) en 1994, il investit dans la sublimation, un procédé de sérigraphie qui imprègne le cœur des fibres. C’est un coup de génie. Par cette technologie, la PME se différencie de la concurrence et s’ouvre une voie royale auprès des clubs de cyclisme, athlétisme, motocross qui privilégient des productions de ce genre. Le nom de l’entreprise n’est plus bien adapté à son marché de niche : « Balle de Match » devient « Marini Sport ». La consonance italienne va renforcer son taux de pénétration.
Partenaire du sport
En 99, l’activité en croissance émigre dans un nouveau bâtiment de 500 mètres carrés du zoning de Montignies-sur-Sambre. Il ne faut pas longtemps pour que la PME impose sa marque de fabrique. Le cyclisme est son client de référence. « En 2006, nous fournissons des événements prestigieux » confie Peter Couchman. « Nous sommes partenaires de grands tours via des intermédiaires. Nous le sommes également des clubs amateurs partout en Wallonie, de Mouscron à Eupen. Parce que notre structure est parfaitement adaptée à la fabrication de petites et moyennes séries. » L’entreprise maîtrise toutes les étapes de production, depuis la création graphique avec une cellule d’infographie jusqu’à l’assemblage des équipements sportifs en atelier de couture. Pièce par pièce, les modèles de maillots ou survêtements sont produits à Montignies-sur-Sambre : découpe des éléments, impression par sublimation ou transfert dans toutes les couleurs de la gamme Pantone, couture des manches, cols, flancs, poches, tirettes, recto-verso. En dehors du vélo, la PME fournit des disciplines comme le basket-ball, le foot, la boxe française, les arts martiaux, la boxe, la balle pelote, la marche, la pêche…
Fabricant de vêtements publicitaires
Le second métier de Marini Sport, c’est la production de vêtements publicitaires. « Nous disposons de tout l’équipement pour le faire. » Les ressources matérielles –sublimation, transfert à chaud, sérigraphie - et le précieux capital humain est donc utilisé à des commandes spécifiques. Pour des distributeurs entre autres. L’entreprise fabrique notamment les T-shirts étudiant des jobistes de Cora. Ces commandes, et d’autres, viennent à point remplir le carnet qui ne connaît pratiquement plus de saisonnalité. Si bien que la PME tourne avec un effectif de 6 à 8 personnes. L’évolution commerciale est satisfaisante dans un secteur soumis à de fortes pressions de prix, sous l’effet de la mondialisation. Marini Sport est très présent sur son marché en Wallonie. « Nous exportons en France, au Luxembourg, nous avons quelques références en Allemagne, mais cela est marginal. L’entreprise dispose d’une excellente notoriété sur ses marchés de niche, liés à sa qualité et rapidité d’exécution. Elle travaille dans des délais serrés, surtout pour les recommandes.
Peter Couchman, gérant
Après un graduat en publicité-marketing à Mons, Peter Couchman entre comme représentant chez Masterfood. Ce sera son premier job au terme d’un emploi de décorateur à l’Innovation à Bruxelles. Il ne quittera plus le milieu de la distribution puisque après sept ans comme acheteur chez Cora, il reprend la gestion d’un supermarché de l’enseigne GB à Philippeville. Nous sommes en 1988 : il se sent mûr pour son projet d’entreprise d’impression textile qu’il va faire évoluer en PME de confection sportive, avec l’embauche d’un tailleur et d’une couturière. Ce premier choix sera consolidé en 1996 par l’acquisition d’un système complet de sublimation, qu’il complète en ajoutant le chaînon manquant d’une cellule d’infographie. Marini Sport offre ainsi un service complet à sa clientèle, avec différents procédés d’impression adaptés aux besoins. Avec leur personnel qualifié, Peter Couchman et son épouse qui dirige le département créatif visent à asseoir la notoriété de l’entreprise en Wallonie, où elle s’impose déjà comme un leader.
Expériences d’entrepreneurs en 4 questions et réponses
Quelle idée nouvelle est à la base de la création de votre entreprise ?
Offrir un service complet de confection sportive en région wallonne. Nous avons investi dans un équipement de pointe en impression textile : à côté de notre matériel de sérigraphie et de transfert, nous proposons de la sublimation, particulièrement adaptée aux tenues en cyclisme et en athlétisme. Nous maîtrisons la chaîne de production d’un bout à l’autre, de la création à l’assemblage.
Quelle est la plus grande difficulté que vous ayez rencontrée pour créer ou développer votre entreprise ?
Trouver le personnel compétent pour notre atelier de confection. Nous évoluons dans une activité en voie de disparition. La main d’œuvre ne se renouvelle plus, elle vieillit : il faut donc la former pour assurer la pérennité de l’entreprise. Engager des couturières constitue réellement un défi pour l’une des dernières PME d’un secteur dévasté par les importations indiennes et des pays de l’Est.
Quelle est la plus grande joie ou satisfaction que vous a procuré votre entreprise et –si c’est le cas- pourquoi n’auriez vous pas pu vivre la même chose en tant qu’employé ?
Ici, je maîtrise mon avenir. C’est moi qui suis aux commandes de mon propre vaisseau. Dans une entreprise, je ne serais pas pleinement responsable de mon destin, d’aller où je veux. Me remettre chaque jour en question est une satisfaction pour moi. La diversité de mon activité est aussi très enrichissante : le job d’entrepreneur permet d’être à la fois technicien, gestionnaire, créatif, commercial…
Quel petit « truc » proposeriez-vous à un jeune entrepreneur ?
Avant tout, je lui dirais d’évaluer le potentiel de son produit ou du service qu’il veut commercialiser. Pour moi, une étude de marché est indispensable. Cela n’exclut pas une dose d’audace et de goût du risque. Pour être entrepreneur, il ne faut pas avoir froid aux yeux ni compter ses heures.


















