C’est en 1994 que la société anonyme est constituée. Projetec va se spécialiser dans l’étude et la résolution de problèmes industriels. Il s’agit d’adapter des solutions sur mesure pour la manutention de produits. Le champs d’activité est vaste : il s’étend du traitement des déchets, un secteur sur lequel le bureau d’engineering concentre ses efforts, à la transformation des aliments en passant par l’extraction de la pierre. Pour déterminer les contraintes de résistance, de puissance, de gravité, la PME développe ses propres logiciels de calcul. Elle utilise aussi une série d’assistants et d’outils informatiques pour la conception de ses offres dans lesquelles interviennent jusqu’à plus de cent plans et coupes.
Du sur mesure pour l’industrie
Le métier d’ensemblier réclame une connaissance pluridisciplinaire. Construction métallique (structures portantes, passerelles, escaliers, etc.), construction mécanique, pneumatique, hydraulique, électricité, gestion par automate. « Nous n’avons pas d’atelier ni d’équipe de montage attitrée » indique Roland Clément. « Nous travaillons avec des partenaires et lors de chaque étape, nous veillons à la bonne exécution des tâches. » Projetec a conçu des systèmes innovants : un crible à boue pour l’incinérateur d’IBW, un broyeur vibrant pour Intradel à Herstal, un conteneur à vis, une barge pour le transport des boues, une goulotte tournante. La PME vient d’emporter le marché de l’installation complète d’évacuation des mâchefers et des fines du nouveau four de l’usine de l’intercommunale ICDI à Pont de Loup. Pour un industriel de l’agroalimentaire, elle étudie l’adaptation d’une ligne d’extraction de la saumure des olives afin de les conditionner. La société réalise un chiffre d’affaires moyen de 400.000 euros par an, dont 15% en vente de fournitures industrielles.
Projets d’exportation
C’est en décembre 2003 que Projetec intègre le cluster déchets solides de la Région wallonne aux côtés d’entreprises comme Shanks, Benvitec, Cégélec, Ménard ou IBH. L’objectif est clairement de s’ouvrir à l’étranger. « Trois pays cibles ont été identifiés » rapporte l’administrateur délégué. La France, l’Espagne et le Maroc. La PME de Nalinnes a choisi ce dernier. Des contacts ont été pris avec l’agence wallonne à l’exportation en vue de connaître les foires et expositions importantes organisées sur place dans le secteur industriel. Nous avons également entrepris des démarches en vue de trouver un partenaire en mesure d’assurer au Maroc des fabrications mécano-soudées. Projetec traiterait les études et fournirait des composants de systèmes. Actuellement, l’entreprise est essentiellement active en Belgique, même s’il lui arrive de saisir des opportunités. « Nous venons ainsi de participer à un appel d’offres européen en Hongrie pour un opérateur du secteur des déchets. Il s’agit d’un marché de 25 millions d’euros dans lequel nous assurons la partie centres de tri.
Roland Clément
Ingénieur industriel électromécanicien et diplômé de l’ESE à Paris, Roland Clément travaille aux ACEC jusqu’à la vente des départements de l’entreprise en 1989. A 49 ans, il est alors embauché comme directeur adjoint dans une PME industrielle qu’il quitte au début des années nonante pour racheter avec deux de ses amis, Etienne Knoops et Etienne Bodart, la SPRL Joris, spécialisée dans l’importation et la vente de fournitures industrielles. Les trois actionnaires mettent en place une holding –KaBéCé- dont la fusion avec Joris donnera naissance à Projetec en 94. L’activité s’oriente alors vers les études de projets de systèmes de manutention. Le secteur des déchets est ciblé : il est en développement et il n’est pas délocalisable. En dix ans, la PME s’est fait un nom. « Nous avons des références dans presque toutes les intercommunales wallonnes » observe son administrateur délégué : IBW, Ipalle, Idelux, Intradel, ICDI. « Le moment est venu de nous diversifier, de tirer profit de nos connaissances et de notre expérience. » Projetec affiche aussi de belles ambitions à l’export.
Expériences d'entrepreneurs en 4 questions et réponses
. Quelle idée nouvelle est à la base de la création de votre entreprise ?
Quand j’ai racheté Joris, c’était par besoin de travail. Mais j’ai voulu évoluer vers une activité à plus haute valeur ajoutée que la vente de fournitures industrielles. D’autre part, je considérais qu’il était dangereux de faire 85% de chiffre d’affaires avec un seul client : à l’époque, il s’agissait Cockerill Sambre. J’ai identifié un domaine dans lequel mes connaissances et mes acquis rendaient possible une diversification industrielle de pointe. Mes actionnaires ont suivi.
. Quelle est la plus grande difficulté que vous ayez rencontrée pour créer ou développer votre entreprise ?
Incontestablement, obtenir les premiers marchés. Quand vous n’êtes pas connu, c’est difficile pour des opérateurs publics de prendre le risque de vous confier un projet. On exige des références, des réalisations opérationnelles. Comme nous n’en avions pas, il a fallu convaincre les comités de gestion des intercommunales de nos capacités. C’est en Hainaut occidental, chez Ipalle, que nous avons enlevé notre première étude. Il fallait transformer un système de guidage et de traitement des déchets dans un hangar à compost.
. Quelle est la plus grande joie ou satisfaction que vous a procuré votre entreprise et –si c’est le cas- pourquoi n’auriez vous pas pu vivre la même chose en tant qu’employé ?
Une entreprise apporte de nombreuses sources de satisfaction à ceux qui l’ont créée et qui la développent. D’abord parce qu’ils maîtrisent l’ensemble des paramètres et ne rencontrent donc aucun obstacle interne à prendre et à mettre en œuvre des décisions. Après la capacité de décider, il y a la liberté d’agir qui stimule l’entrepreneur. Enfin, je trouve d’autres satisfactions dans la diversité des métiers que j’exerce. Dans mon ancien emploi, je n’avais pas la même pluridisciplinarité.
. Quel petit « truc » proposeriez-vous à un jeune entrepreneur ?
D’abord, je lui dirais de ne rien faire par impulsion. Un projet doit mûrir. Ensuite, je lui recommanderais de solliciter des conseils, de consulter des gens compétents pour opérer les meilleurs choix, prendre les meilleures décisions, mettre toutes les chances de son côté. Enfin, il faut savoir qu’une entreprise réclame du dynamisme à long terme, de la persévérance. A l’heure du tout tout de suite, il est important de le souligner.


















