C’est dans la première moitié des années nonante que Swedeponic met au point son concept de culture automatisée de salades et de plantes aromatiques en pots : un procédé pour lequel la maison mère recherche des partenaires. En Wallonie, elle élabore un partenariat avec un entrepreneur local dans le cadre de l’Objectif 1. Portant sur l’exploitation d’une unité de 15.000 mètres carrés de serres, le projet aboutit en 96 avec la création de l’entreprise à capitaux mixtes soutenue par Sambrinvest. Si l’activité débute en 97 par la production de salades comme en Scandinavie, elle va évoluer vers les herbes fraîches. Le créneau est porteur. Encouragée par des clients comme les distributeurs Delhaize et Carrefour, l’évolution constante de la consommation ne cessera de le confirmer : en 2005, Swedeponic s’impose comme l’un des leaders du marché.
Un nouvel actionnaire
L’entreprise qui occupe de 21 à 28 travailleurs travaille une gamme de douze standards en culture biologique depuis 1999, du basilic –son cheval de bataille- à la mélisse en passant par l’origan, la sauge, la roquette, le thym, le romarin, l’estragon, l’aneth, la coriandre, la ciboulette et le persil. Les produits suivent un cycle de culture dont la durée varie de 33 à 47 jours avant la récolte manuelle et l’expédition. Ensemencement en pots, séjour en chambre de germination, arrosage et mise en ligne de production avec injection de substrats et irrigation automatisée. Certifiée « Eurep gap » –une norme de qualité établie selon un cahier de charge allemand- depuis 2002, Swedeponic cultive le sens de la qualité absolue : c’est ainsi que les semences et racines utilisées pour les plants ont fait l’objet de sélections rigoureuses pour répondre aux exigences des clients. Les herbes subissent un contrôle visuel avant d’être emballées manuellement. Les feuilles abîmées ou jaunies sont coupées. La marchandise doit se présenter dans un état impeccable. En 2003 le groupe Santa Maria devient actionnaire majoritaire de l’entreprise.
Recherche et culture de l’innovation
En 2005, le siège wallon a atteint une bonne vitesse de croisière avec des pics saisonniers en période de Noël et de Pâques où il doit faire face à des demandes d’approvisionnement élevées de ses clients. Pour eux, il a adapté les conditionnements : des pots entièrement biodégradables sont ainsi fournis à l’enseigne Carrefour tandis que des modèles carrés sont apparus pour augmenter la tenue de la plante, la masse de ses feuilles et de ses racines. « Cette évolution a réclamé d’importants investissements en serre, notamment la transformation des gouttières dans lesquelles progressent nos produits » explique Denis Dumont. Une centrale de cogénération au gaz naturel fournit le chauffage et l’eau irrigant les plants provient de points de forage. Respectueuse de l’environnement, Swedeponic Wallonie cultive le sens de l’innovation : alors que les recherches se poursuivent sur les pots biodégradables, un emballage « vert » est également à l’étude. « Nous travaillons aussi sur le développement de nouveaux produits, en collaboration avec les autres sièges de Swedeponic ».
Denis Dumont, manager de site
C’est en France que Denis Dumont entreprend sa carrière professionnelle après ses études d’ingénieur industriel en horticulture à Gembloux : La deuxième entreprise de jeunes plants de légumes de France, Val d’or Plants le recrute comme responsable de son unité de production de concombres à Nantes où il va passer trois ans avant de rejoindre le groupe de semences Enza zaden. Il y occupera durant un an et demi des fonctions de commercial. En décembre 2001, il revient en Belgique chez Swedeponic Wallonie où il se charge de recherches de diversification de produits. En 2004, après le changement d’actionnaires, Denis Dumont devient manager du site repris dans la branche « western Europe » de Swedeponic. Les objectifs sont d’une part d’augmenter la capacité d’exploitation de l’outil tout en maintenant le niveau de qualité vers le haut. D’autre part de proposer à nos clients des solutions pour développer la consommation d’herbes aromatiques biologiques. L’entreprise dispose d’une réserve de terrain de 2,5 hectares sur laquelle elle peut étendre son activité de production. D’autre part, il est question à terme de renforcer l’automatisation : un projet porte sur la récolte, d’autres sur des tâches de culture qui mobilisent une main d’œuvre où la motivation fait malheureusement largement défaut.
Expérience d'entrepreneur en 4 questions et réponses
.Quelle idée nouvelle est à la base de la création de votre entreprise ?
L’idée, c’est de mettre toute l’année en cuisine à portée de main de la famille un assortiment d’herbes fraîches, un véritable jardin aromatique. Au milieu des années nonante, ce créneau était peu développé.
.Quelle est la plus grande difficulté que vous ayez rencontrée pour créer ou développer votre entreprise ?
Si elle se pose en terme de recrutement de personnel, elle est double : il est aussi difficile de trouver de la main d’œuvre motivée pour les tâches de faible qualification de notre activité que des collaborateurs compétents pour diriger ces équipes. Il s’agit d’un problème de culture et de mentalité. Bien que nous mettions tout en œuvre pour rendre le travail moins pénible, il faut bien constater un taux élevé d’absences qui encourage une automatisation des procédés de production.
.Quelle est la plus grande joie ou satisfaction que vous a procuré votre entreprise et –si c’est le cas- pourquoi n’auriez vous pas pu vivre la même chose en tant qu’employé ?
Sans hésiter, je dirais donc que ce qu’une PME apporte d’abord comme satisfaction à ses gestionnaires c’est un sentiment d’indépendance, même si cela engendre des responsabilités.
A titre personnel, je me sens lié à l’entreprise : j’y agis comme si j’en étais davantage que le directeur. C’est une question de culture et de tempérament. Par tous les projets qu’elle nourrit, les choix qu’elle lui permet d’opérer, d’assumer, la PME permet à son manager de s’épanouir. Elle lui donne l’opportunité de créer.
.Quel petit « truc » proposeriez-vous à un jeune entrepreneur ?
Etre chef d’entreprise ne signifie pas que l’on connaisse tout et que l’on soit inébranlable : il ne faut jamais dépasser les limites de ses connaissances sous peine d’aller droit à l’échec. Il est également important de rester ouvert à tout apprentissage, quel qu’il soit. De même que les erreurs commises tout au long du parcours : on ne doit pas chercher à les cacher, mais bien à les regarder en face et pouvoir en tirer profit. Sans oublier le côté humain : impliquer son personnel dans l’activité de l’entreprise lui permet d’être conscientisé par son travail et celui-ci n’en est que mieux exécuté.


















