Spin-off de l’Université catholique de Louvain, la SA Xylowatt est née en 2001 des recherches effectuées depuis plus de vingt ans par l’unité Term du département de mécanique que dirige le Pr Martin. Deux chercheurs et un ingénieur commercial qui a travaillé sur l’étude de marché du produit constituent ENERGETHICS, une coopérative d’investisseurs qui intervient dans le capital aux côtés de la Sopartec (société de participation en technologie de l’UCL) et de Start-it (fonds pour l’aide au développement des sociétés innovantes de haute technologie). Le core business de la PME, c’est l’ingénierie, la conception, le montage et la maintenance de centrales de cogénération par gazéification de bois. Il s’agit d’équipements de transformation de résidus de scieries, menuiseries et chantiers forestiers pour la production d’électricité : une alternative aux énergies fossiles non renouvelables que constituent le charbon, le gaz ou le mazout. Un procédé respectueux du développement durable : son utilisation diminue la production de gaz à effets de serre et préserve les ressources de la planète. En favorisant la valorisation d’un combustible récolté et préparé localement, il contribue à la création d’emplois et à la réinsertion de personnes moins qualifiées.
Une technologie adaptée aux petits besoins industriels
Ce qui différencie la technologie de Xylowatt à celle des centrales en activité dans les grandes régions forestières comme l’Amérique du Nord ou la Scandinavie, c’est la modularité de ses installations de cogénération, et leur faible consommation en combustibles renouvelables. La gamme compte deux modèles : le XW 300 développe une puissance de 300 KW (300 kilos de bois à l’heure) et le XW 1000 (commercialisation à la fin 2005) un mégawatt. Contrôlées à distance, ces centrales ne nécessitent aucune opération de la part de l’utilisateur final : leur alimentation peut être assurée sous des formes très diverses, des résidus de coupes d’arbres aux déchets de scieries, menuiseries en passant par les chutes, sciures, écorces. Xylowatt analyse le projet, participe à son élaboration depuis l’étude au montage avec ses propres équipes techniques (installateurs, soudeurs, câbleurs). La PME livre des centrales clés sur porte, du stockage du bois avec intégration d’éléments de séchage jusqu’à la fourniture de l’électricité sur le réseau de distribution. La chaleur produite peut alimenter un procédé industriel ou un ensemble de bâtiments comme à Gedinne, où la commune a opté pour la valorisation de ses sous-produits forestiers.
A la pointe de la recherche
La technologie de Xylowatt complète le bouquet des ressources alternatives disponibles sur le marché. A côté du solaire, de l’éolien, de l’hydraulique, elle élargit l’offre des biomasses, un domaine dans lequel la PME entend bien rester à la pointe. Installée depuis novembre 2003 sur l’ancien site de CDC à Charleroi où elle occupe 1500 mètres carrés de halls industriels et de bureaux, Xylowatt entend mettre en service une centrale de cogénération à la fin 2005. Il s’agira d’un centre d’essai pour l’amélioration d’un produit auquel les certificats d’énergie verte ouvrent des débouchés dans tous les secteurs –au-delà de la filière bois- en Belgique, où la PME a conclu un partenariat avec Electrabel. L’aide de Sambrinvest via un prêt subordonné est bienvenue pour soutenir le développement commercial en Europe : la PME veut pénétrer la France, le Royaume Uni, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne où des primes encouragent l’installation de petites centrales à bois. La grande exportation entre aussi dans les projets de l’entreprise. L’emploi devrait se développer à l’avenant. A l’issue des recrutements planifiés en 2005, Xylowatt portera son staff à une petite vingtaine de travailleurs.
Ivan Sintzoff, Frédéric Bourgois, Frédéric de Stexhe
C’est à l’UCL qu’Ivan Sintzoff et Frédéric Bourgois, tous deux ingénieurs civils électromécaniciens, décident de s’engager sur la voie du développement durable : ils vont le faire aux côtés du Pr Martin qui travaille sur la gazéification du bois. Pendant cinq ans, ils l’assistent dans ses recherches auxquelles ils vont donner un souffle nouveau en obtenant des aides publiques régionales et européennes mais également privées sous forme de bourses. Leur projet porte sur la mise au point d’un procédé d’exploitation de cette énergie renouvelable et de sa transformation en électricité. Un ingénieur commercial de l’UCL va les rejoindre : dans le cadre de son mémoire, Frédéric de Stexhe réalise une étude de marché sur leur technologie. Après quatre ans dans le secteur informatique, il s’associera aux chercheurs au sein de leur coopérative d’investissement pour fonder Xylowatt. Responsable financier et administratif de l’entreprise, il en est l’un des trois capitaines aux côtés de Frédéric Bourgois, en charge de la technologie et d’Ivan Sintzoff, directeur général et manager des ventes.
Expérience d'entrepreneur en 4 questions et réponses
.Quelle idée nouvelle est à la base de la création de votre entreprise ?
Renouveler l’approvisionnement énergétique de la planète en remplaçant par des alternatives vertes les combustibles fossiles mal répartis sur terre, source d’inégalités et de conflits : c’est l’engagement citoyen qui se trouve à la base de nos recherches et de notre projet industriel. Au-delà d’une contribution à la qualité de l’environnement, cette action pour le développement durable constitue un défi majeur pour nos sociétés en crise. En termes de création d’emplois, les énergies renouvelables sont une chance pour l’Europe : on estime qu’elles ont permis d’ouvrir 50.000 postes. Nous voulions inscrire la Wallonie dans ce grand mouvement d’avenir.
.Quelle est la plus grande difficulté que vous ayez rencontrée pour créer ou développer votre entreprise ?
Ce sont les ressources humaines. Trouver les bons collaborateurs qui sont prêts à s’investir dans le succès de notre projet, à donner davantage que ce que l’on attend d’employés. Le démarrage d’une PME demande l’adhésion d’une équipe, au-delà de l’énergie de sa direction et de ses fondateurs. Il faut un esprit pionnier, un sens des responsabilités et de la combativité. Tout le monde doit ramer dans le même sens et au même rythme. C’est parfois ce qui fait défaut chez nous, en Wallonie. On peut le compenser en motivant son personnel : les enjeux du développement durable inscrits dans notre projet le justifiaient largement.
.Quelle est la plus grande joie ou satisfaction que vous a procuré votre entreprise et –si c’est le cas- pourquoi n’auriez vous pas pu vivre la même chose en tant qu’employé ?
Il y a tout d’abord la satisfaction de développer quelque chose de très bénéfique pour la planète et, par conséquent, pour la population. Il y a ensuite la liberté de décider et d’agir. Quand vous êtes entrepreneur, c’est vous qui tenez le volant : vous êtes seuls à orienter vos choix. En revanche, le statut d’employé ou de cadre vous oblige à rendre des comptes à votre direction ou à vos actionnaires. Vous appliquez les consignes de la hiérarchie avec une autonomie très réduite. Chez Xylowatt, nous avons opté pour le management participatif : nous nous efforçons d’associer notre personnel à nos décisions dans le cadre de réunions d’équipe. Autant que faire se peut, nous consultons.
.Quel petit « truc » proposeriez-vous à un jeune entrepreneur ?
L’entrepreneur doit toujours croire dans ce qu’il fait et ne jamais laisser tomber les bras. Si son projet en vaut la peine, il est condamné à le réussir. Garder confiance est primordial : c’est la clé du succès. Celui qui redoute l’échec perd du temps et gaspille ses chances. Les peurs sont un frein à l’initiative. Il est important de pouvoir les mettre de côté. La vie est courte, ne le perdons jamais de vue : utilisons-là à agir plutôt qu’à douter de soi.


















